( Jeudi 7 juin 2013 festival Aucard de Tours. Photo de Marine Shoot You )
( Jeudi 7 juin 2013 festival Aucard de Tours. Film de Laurent de Berlin )
( Jeudi 7 juin 2013 festival Aucard de Tours. Photo de Marine Shoot You )
( Vendredi 29 avril 1983 salle de l'Amphi à Tours : Bunny (basse), Jean-Yves (chant), Jean Christophe (guitare). Photo de Xris Snapshot )

Le site de Jack le ouf.

1979-1980 : Jean-Yves (chant), Jean Christophe (guitare), Fred Limouzin (basse), Michel Bruneau (batterie).
1982-1987 : Jean-Yves (chant), Jean Christophe (guitare), Bunny (basse), Bruno Pivard (batterie).
2013- : Jean-Yves (chant), Jean Christophe (guitare), y (basse), (batterie).

( L'amat (salle de répétition) à Saint Avertin : Jean-Christophe (guitare), Michel (batterie), Jean-Yves (chant), Fred (basse). Archives Jean-Bat )

"Crade rock"

        La première fois où j’ai entendu Foutre c’était à la fin de l’automne 1979 dans le sous-sol d’un de ces pavillons que les gens affectionnaient tant dans les seventies. C’était à Saint Avertin au siège d’une association de musiciens locaux, l’AMAT, dirigé par un certain Guy Barrier. Endroit plus ingrat pour auditionner il n’en pouvait être, car oui, du haut de nos 20 ans avec mon pote José Perez (aujourd’hui chez EMI) et ma compagne Zouka Dzaza, tous trois membres de PP Növo (after punk) nous venions écouter ce groupe qui demandait à jouer dans un festival à 4 groupes que nous organisions sur Ballan (*). Ce fut un électrochoc, car ils donnaient tout, ils évoluaient dans l’urgence et peu importait notre présence car ils étaient là pour eux. Un vieux était à la batterie (il avait dépassé les trente ans), Michel Bruneau, un métronome extrêmement puissant sur la caisse claire (il devait mourir en 1980 d’une overdose médicamenteuse), un jeune frisé au sourire figé à la basse, Fred (qui allait mourir dans un accident de la route), il faisait réellement ronfler l’ensemble, collé au rythme… Et puis les deux frères Pineau, Jean-Christophe à la guitare sous Marshall, et Jean-Yves au chant. On ne saura jamais pourquoi ces deux-là, si jeunes, semblaient à ce point révoltés, hargneux, insoumis, ne semblant vivre que dans la négation, mais avec une efficacité et une constante qui donnait au quatuor l’effet d’une machine de guerre. A l’écoute de tous les groupes identifiés punk et after punk j’affirme toujours qu’ils étaient les meilleurs en France, uniques, à faire trembler la concurrence parisienne. Je pense que ceux qui ont eu la chance de croiser les Stooges à leurs débuts ont eu la même sensation que celle ressentit ce jour là, l’impression que plus rien ne pouvait être pareil, que d’un coup la barre était montée si haut qu’il était impossible de chasser sur les mêmes terres. A mon oreille et à mon goût, cette première formation initiatrice du "Crade rock" fut la meilleure mais d’autres vous diront sûrement le contraire. Localement peu de groupes ont ainsi marqué les mémoires, car finalement après 30 ans, il ne reste qu’Alan Jack ou Foutre lorsqu’ils sont cités, pour allumer dans les yeux des témoins, un éclair d’émerveillement et aussi un peu de cet orgueil mal placé de "celui" qui fut témoin du truc… Comme moi. Les frères Pineau sont restés des gens hors norme, des personnalités qui en imposent, chacun à leur façon, des seigneurs. Ils n’ont pas monté Foutre pour réussir, mais en "réaction" et pour bousculer toute une génération issue de Woodstock et du blues. Ils écrivaient des hymnes à la jeunesse, des standards pour cette génération qui 3 ans après accueillerait à bras ouverts les Bérurier Noir, fameux BN dont le premier concert à Tours se ferait en première partie de… Foutre

Doc Pilot d’X Ray Pop

        (*) Ci retrouverait Foutre, PP Növo, Cristal (avec le futur acteur Bernard Campan à la basse) et Buicks rajouté au dernier moment et pas sur l’affiche.

( L'amat (salle de répétition) à Saint Avertin : Fred (basse), Jean-Yves (chant), Jean-Christophe (guitare). Archives Jean-Bat )

( Archives Collabos )

Acte I

Le Foutre 1ère Mouture

1979 et quart venait de sonner à l'horloge de la place Jean-Jaurès et comme d'habitude pour un vendredi soir nous avions le choix entre 3 possibilités : aller à un concert de Gérard Blanchard dans une cave perdue de Vouvray ou d'ailleurs, écouter Jagu et Nounours au bar de la bibliothèque, enfilant de longues litanies de solos interminables ou finir comme d'habitude au commissariat dans une cellule de dégrisement dans l'attente que Bec d'aigle veuille bien nous laisser ressortir.

J'oubliais une quatrième possibilité : dépenser notre argent au bar du Longchamp où nous pouvions voir Tambourine dans son falzar en peau de rideaux, battre le record du monde du plus long vidage de vessie et écouter les zicos de Tours discutant des avantages du mode mixolydien tout en s’appelant Le Good ou bien La Star ou bien encore je ne sais quoi, petite réplique d'un Keith Richard de préfecture. En un mot comme en mille on se faisait chier…

Et puis ça nous est tombé dessus comme une prime du pôle emploi pour la chandeleur, un raz de marée, une bombe à ultrasons : le mouvement punk arrive les gars ! Eux qui avaient réussi à nous persuader que pour faire de la musique il fallait 10 ans d'études et que d'ailleurs valait mieux laisser ça aux pros (ce qu'ils affirment toujours), des petits rosbifs nous prouvaient qu'on pouvait faire du rock avec un doigt et un accord.

Respiration, création, réunion, révolte, vite, vite et après un voyage à Londres c'était décidé : fallait qu'ça bouge.

Dans toute cette bande de théoriciens du Fa Bémol du sphincter de regarde comme j'suis beau quand je joue de la guitare, il y avait un ancien tambour de la musique militaire, devenu batteur et pas des moindres, Michel Bruneau c'était son nom. Un vrai petit bouledogue adepte du coup de boule et du reste. C'était parti : Fred Limouzin à la basse, Michel à la batterie, Jean-Chris à la guitare, restait à trouver un chanteur. Ce qui fut fait en la personne de Jean-Yves, le frère du guitariste.

Fallait maintenant un lieu. Jacques Béchy (qui a bien voulu arrêter le frisbee), nous a offert le gîte et le son, avant de devenir et pour toujours le 5eme élément : l'ingé son.

Quatre morceaux plus tard commencent les concerts (suffisait de jouer 3 fois les quatre morceaux pour faire 3 passages), le golf Drouot (une des dernières soirées chez Leproux). Les collègues que l'on découvre : PP Novo (Doc Pilot) et surtout les fans qui deviennent des potes : Laurent et son cassette dans une main et caisse de Jeanlain dans l'autre. Les Pivards (attention les secousses), Bruno Laroche le garde du corps , Jean-Bat toujours présent, Yann, Benoît, François rampant sur scène costumé en Hitler, Bruno (de Rock and Road Production), François mon futur ex beau frère et... tous ceux que j'oublie.

Premier coup d'arrêt à la maison du même nom pour le guitariste (une histoire qui ne vaudrait maintenant qu'une garde à vue de 2 heures et encore !!!).

Enchaînement, Fred décide de quitter le groupe pour aller en Suisse faire l'électron libre et accélérant trop fort dans un virage plante sa DS dans un ravin. Restant 2 jours coincé sous le toit de sa caisse avant d'être secouru, il ne peut lutter contre la gangrène qui s'est installé dans son corps, et tire sa révérence lors de la troisième opération.

Lors de l'enterrement nous suivions le cercueil Bruno et moi lorsque qu'un vélomoteur nous double : "c'est bien la 1ère fois que Fred se fait doubler par une meule" balance Bruno. Crise de rire.... nerveux.

Et puis ça continue : Michel, en pleine déprime, se gave de médocs mais son corps fragile rend les armes et nous les larmes (le 25 juillet 1980).

Droite gauche, Jean-Yves et moi sommes K.O.

Mais nous n'étions pas seuls. Nous avions l'impression que le groupe existait toujours alors il fallait bien trouver de nouvelles énergies.

Et après quelques tâtonnements et quelques essais : Fayot à la basse, Daniel Jamet (La Mano) nous donnant un coup de paluche, Claude Prioux dit Claudius à la batterie, maintenant décédé lui aussi malheureusement, Pascal Gouyé à la batterie, courant tout nu dans les rues de Paris pour échapper à un patron d’hôtel énervé et finissant à Sainte-Anne, nous allions enfin trouver la stabilité pour former la deuxième mouture.

( L'amat (salle de répétition) à Saint Avertin : Michel (batterie). Archives Jean-Bat )

Acte II

Le Foutre 2eme Mouture

Ce fut la période la plus longue de Foutre : de 82 à 86 et aussi la plus féconde. La plus connue aussi : Bruno Pivard à la batterie (attention les secousses), digne élève de Michel et jouant sur sa batterie que j'avais récupéré. Bunny à la basse que nous avions emprunté à Raticide et bien sûr les frangins Pineau. Et Jacques Béchy toujours au son.

Avec cette fois de temps en temps un agent tel Daniel l'escargot Thognard, qui nous avait dit merci au lieu de bonjour lors de notre première rencontre. Toujours Laurent, notre mémoire vivante et notre fournisseur officiel de Jeanlain et un public de plus en plus fourni et fidèle. Il y eut de grands moments, comme cette tournée mondiale de la rue du Commerce : le Balto, le moulin du Longchamp.

Le concert à l'Amphi avec les Béruriers Noirs

Avec les Oberkampf, et d'autres encore.

Et puis comme tout a une fin, Foutre aussi a eu la sienne, je me rappelle c'était au moment ou Fernandez marquait son penalty contre le Brésil , qualifiant la France pour les demi-finales de la coupe du monde de foot au Mexique. Nous avions refusé une date pour être devant nos écrans. Une fin à la mesure de notre innocence (ou de notre connerie).

Dans ces années là, Foutre a été assez présent pour devenir pour beaucoup de tourangeaux un repère dans leur jeunesse. C'est peut-être ce qui explique que 30 ans après on en parle encore et que ce disque est attendu avec beaucoup de joie et d'impatience.

Jean-Christophe Pineau de Foutre

( Chez Jacques Béchy à Sainte Radegonde : Jean-Christophe ... Archives Jacques Béchy )

( Jean-Christophe (guitare, à gauche concert à Montlouis et à droite concert à Ballan). Archives Doc Pilot )