No Fuck Bébé

Montbéliard (25) // 1980 - 1984 // Punk-rock.

Chant : .
Guitare : .
Basse : .
Batterie : .
Vidéo

Archives Mémoire Neuve.

Discographie

No Fuck Bébé "S/T"
LP (Mémoire neuve - MN013) janvier 2013
[ Enregistré en 8 pistes au studio "Fred" à Vesoul le 28 mars 1984. ]

  • Face A : Baston city (instrumental) / Bébé primate / La Jungle / Dans la cité / Amour difficile / Dom dom (instrumental)
  • Face B : Vidéo (instrumental) / Lili / Les gars de la rue / Les maîtres du monde / Bonne chance (instrumental)
Bio tiré de "Made in la Rue - Dégénération Punk !", René Phillips, 2009 (Mémoire Neuve)

        NFB appartenait à la tendance la plus dure, la plus punk, la plus désespérée de ce rock émergeant des années soixante dix. Nous voulions tout faire sauter. Nous vivions dans nos ghettos HLM, ayant pour la plupart d'entre nous le même avenir que nos parents. Le travail à la chaîne dans l'industrie automobile, moi-même j'y travaillais déjà. Les différents médias s'emparèrent du phénomène punk rock, le propulsant sous leurs projecteurs. L'onde de choc fracassa tout devant elle. Enfants du rock et des cités ghettos posées ça et là, soumises à l'industrie locale, regroupés dans nos sarcophages de béton, nous sommes entrés en guerre à travers la culture punk. Cette semence ne pouvait que croître dans le terreau industriel montbéliardais. Tous les ingrédients étaient réunis pour qu'une génération, la mienne, s'engouffre dans la brèche. Nous entrions de plein pied dans l'instant T, marqués à jamais par cette nouvelle culture. Elle restera, par la révolution qu'elle a générée, la vague la plus innovante de ses trente dernières années, influençant toutes les couches de la société et les créateurs du monde entier substitués aujourd'hui par du copyright ou des produits dérivés. Ce fut aussi une explosion créative positive pour tous, à travers ce patchwork de looks personnalisés où chacun pouvait se construire une identité caractérisée. Nous surfions sur l'actualité, détonateur et source d'inspiration de notre "destroy attitude", favorisant l'éclosion embryonnaire de la guérilla urbaine qui secoue aujourd'hui les banlieues contre les spéculations foireuses du "big business" et de son frère "big brother". Vivant au jour le jour notre grisaille et nos amours, devenus malgré nous les messagers du "no future", fustigeant l'establishment, écorchés vifs, piqués au cœur, en chemin vers nos désillusions, nous étions les punks de la première vague, nous vivions tout cela à cent à l'heure. Notre message : "No future for you", héritage de la première vague punk déifiée à travers les Sex Pistols et d'autres "fashion victims" adeptes de la "punkitude". On nous surnommait les Sex Pistols français, on commençait à être interdit de concert : scandales, provoc, bastons… La mayonnaise avait pris. "Mets tes lunettes et écoute comme ça sent bon" : c'était notre slogan, opportuniste non ? Complètement ingérables, oui ! Nous prêchions à qui voulait l'entendre ce que nous vivions par procuration lors de nos concerts. On vociférait sur notre quotidien – c'était comme une messe où les fidèles les plus "destroy" accouraient. Les NFB incarnaient un état d'esprit. Nous formions un gang, une tribu issue d'un territoire géographique qui était un "no man's land" dangereux pour ceux qui ne nous ressemblaient pas. Selon les besoins du moment, c'était tel ou tel bassiste qui jouait, tel ou tel chanteur qui intervenait. On a bien eu jusqu'à trois bassistes, deux guitaristes, trois chanteurs, des acteurs, intervenants du spectacle, coachs musicaux, metteurs en scène, plasticiens, etc., mais au départ comme à l'arrivée, les NFB sont deux couples : Gigi et Jimmy, Laurence et René, un bricolage impossible. Nous faisions de la résistance, bien plus encore c'était de la survie, notre combat rock. Phrasant sur notre quotidien "sexe, drogue et rock'n'roll", les gangs des diverses cités montbéliardaises descendaient dans l'arène qu'on leur offrait. On savait d'avance que ça allait péter. La culture "Kpon" n'a fait que passer, mais tout a explosé devant elle. J'ai mis des années à m'en remettre, mais je ne regrette rien. Je me rappellerai toujours de cet enterrement d'un ami "Kpon". A la fin de l'homélie funèbre, dans les allées de l'église, les dealers proposaient leurs marchandises. Nous étions bien conscients que chaque fois qu'une seringue perçait nos veines, nous jouions à la roulette russe. Tous ceux qui faisaient partie de cette cour des miracles étaient des punks et des junkies, des Dr Jekyll et Mr Hyde. Disciples de ce sulfureux mouvement, cassés par tous nos crève-cœurs, remplis d'un profond dégout pour toutes institutions, c'était le début des années quatre vingt. Nous vivions dans cette ambiance apocalyptique, noyés dans l'alcool, la drogue, la violence, nos délires, nos insuffisances, le chômage et la mort. C'était notre choix.