En
1980, Jean-Christophe écoute de la musique punk et laisse tomber la trompette
pour commencer à jouer de la guitare. A la sortie du collège, il branche Mongolito,
jeune black rebelle dont il a entendu dire qu'il débute à la basse. Mongolito
accepte mais n'a en fait jamais touché une basse. Il branche aussi Stiff, petit
agité qui accepte de prendre le chant. Du haut de leurs 14-15 ans, ils forment
un nouveau groupe punk à Caen. Ils choisissent de s'appeler SPURTS en référence
au titre "Love comes in spurts" ("l'amour vient par giclées") de Richard Hell
and the Voidoids. Au début, le groupe est très instable. Plusieurs batteurs se
succèdent sans succès, dont Boboss qui dure le plus longtemps. Un deuxième guitariste
arrive mais ne restera pas non plus. Stiff et Mongolito sont très "destroy" alors
que Jean-Christophe veut faire quelque chose de plus sérieux, de plus engagé politiquement
à gauche. Il est très motivé, au point d'assurer un concert en 1981 avec une minerve
autour du cou, mais il quitte les SPURTS en 1982 pour former un nouveau groupe
punk : FUCKLAND. Deux nouveaux arrivent : Vodka à la guitare et Kebra à la batterie.
Le groupe est au complet. Mongolito écrit des textes où la provocation rivalise
avec l'humour. Le look et l'attitude sont "no future", les concerts un peu trop
destroy pour mériter ce nom. La glue et les autres substances testées n'arrangent
rien. Malgré tout, les SPURTS sont présents devant leur public, dans les quelques
endroits classiques de la région de Caen à l'époque : le lycée puis la MJC d'Hérouville-Saint-Clair,
le Sépulcre à Caen (avec TODESFALL). Stiff assure son rôle de meneur et devient
la mascotte d'un public de punks, skins et rockers. En novembre 1982, ils sortent
leur 45 tours ("Petit papa fasciste" et "Je suis fier de mon grand-père") et sont
les premiers d'une nouvelle vague caennaise d'autoproduction. Le jour de l'enregistrement,
c'est Cocollos, batteur du groupe mod NECKTIES, qui assure la batterie. Le disque
est distribué de la main à la main, et à la boutique New Rose de Paris qui vend
rapidement les 50 exemplaires déposés. Les cinq titres enregistrés au studio Melody
Music ("Je suis amoureux d'une pute", "Quatre conseils pour un suicide réussi",
"Bébé nazi", et les deux du 45t) passent beaucoup sur la radio rock locale UHT.
Les paroles choc en français sont très demandées. Alain Maneval passe "Je suis
fier de mon grand-père" sur Europe 1. Le morceau se termine, et il y a un blanc
à l'antenne. A-t-il été surpris par les paroles, ou peut-être par la brièveté
du morceau ? Les trois inédits auraient pu figurer sur les compilations "Chaos
en France". La mère de Mongolito doit profiter de son passage à Orléans pour remettre
la bande à l'équipe Chaos, mais ils ne sont pas au rendez-vous et laissent un
message demandant que la bande soit déposée à la boucherie du coin. Elle préfère
rentrer à Caen avec la bande. Peu à peu, Stiff se lasse de jouer les mascottes
pour les uns, et d'être pris à partie par les autres. En 1984, les SPURTS, sans
chanteur mais avec un nouveau guitariste nommé Taillepied, se retrouvent sur la
compilation UHT "13 Rock à Caen", juste avec un bon instrumental : "Rapsodie aux
Spurts". Enfin, comme souvent à cette époque, le service militaire finit de décimer
le groupe, malgré un bon taux de réformés P4 ! |