Les
Skinkorps se sont formés dans la banlieue rouennaise en 1982 à la suite de la
fusion de deux groupes locaux Acide Vicieux et Doc Martens. Le premier line up
comprenait Franck au chant, Renald à la guitare, Fred à la basse et son frère
Phil à la batterie. skinkorps 84 skinkorps krew Dès leur 1ere démo 6 titres les
Skinkorps vont adopter un style oi ! fun, fait à la fois d’hymnes 100% skins (skins
de France,skinkorps mécaniques) , de morceaux fun dans l’esprit de la période
chaos production, sortes de sales blagues à la Vuillemin (l’amour dans les cimetières,méchoui
sur l’A6) , d’odes à Bacchus (super picton,vive la bière) et quelques textes énervés
sans pour autant jamais devenir un groupe de militants. Les Korps étaient tout
simplement des patriotes, comme 99,99 % des skins de l’époque. Pour autant les
Korps bien qu’ayant parfois repoussé un peu loin les limites de l’humour trash
avec "Barbie" ( un titre écrit, comme d’autres de leur début, par un
pion de leur bahut, absolument pas faf) ou « Jojo collabo », sont toujours restés
un groupe de branleurs, poches infréquentables et irrécupérables, préférant l’humour
aux discours. A la différence de l’inénarrable humour involontaire de Légion 88
sur un morceau comme "Léon Degrelle". Ce catéchisme nazebroque avalé
et régurgité sans aucun recul sur le plus grand des mythomanes nazis ( "Tintin
c’est moi" "Hitler me considère comme son fils" etc) , me fait
toujours mourir de rire , on dirait un sketch de Francis Kuntz dans Groland !
Au passage sur le cas Léon Degrelle je recommande la lecture du livre "Le
sec et l’humide" de Jonathan Littel (auteur des Bienveillantes) qui dégonfle
méthodiquement la baudruche wallonne. Bref, retour à nos moutons (noirs) ,côté
discographie suivra la démo « Faut assurer » produite par les Bootboys ( à ce
propos on murmure que quelque part dans l’ouest parisien un homme aurait vu l’homme
qui à les bandes de la démo qui doit ressortir, un jour) faut assurer Une démo
culte, dont le titre éponyme résume parfaitement la mentalité du milieu skinhead
français à ce moment "si tu veux pas morfler, si tu veux pas trinquer, faut
assurer !". Assurer sa réputation vis à vis des autres bandes de jeunes,
mais aussi et surtout en fait, vis à vis des autres neuskis, au risque de repartir
comme dans la chanson de Renaud "à poil sans tes bottes"...
Le
mois de Mai 1986 voit le départ de Franck. Phil passe au chant, et Cyril le frère
de Renald passe à la batterie, faisant ainsi de ce groupe une véritable histoire
de famille. Le 1er 45 t "une force un hymne" sort avec le discours programme
le plus œcuménique possible, "vive la bière, la baston et vive le cul"
,quintessence de l’esprit skin français , dont le fanzine nationaliste révolutionnaire
Noir et Rouge avait livré une analyse amusante , façon parodie de thèse universitaire
sur les mœurs indo européennes. Suivront quatre 45 t et deux LP. le premier "Mr
Clean" sorti chez Rebelles Européens, sans doute parce que c’était le seul
label possible bien plus que par militantisme, reprenant beaucoup de morceaux
de la démo, et quelques nouveautés dont le dit Mr Clean, délire sur l’engagement
imaginaire de l’emblématique crypto skinhead maniaque du ménage Mr Propre au Front
National. Le second sorti chez Chelsea Records avec une orientation assez oi !
core sur le plan musical et des textes plus sombres, plus désabusés, comme "les
korps sont innocents" "mauvais garçons" "ça n’a plus d’importance"
ça sent la fin de l’âge d’or du mouvement, une page va se tourner, dans un mouvement
qui se politise à outrance il n’y aura bientôt plus vraiment d’espace pour une
bande de voyous patriotes et déconneurs. Après le titre témoignage des années
oi ! "Rock’n’oi !" sorte de "rockollection" version neuski,
l’ultime titre des Korps en 1991 sur le EP "ils sont skinheads pour l’éternité",
"L’apparence" énonce clairement que désormais "on s’en balance",
fin de partie.
Côté concert on retiendra le baptême du feu en 1983 en première partie des Outcasts,
photo ci dessous, pas mal pour un début ! Ainsi que plus tard un concert avec
Condemned 84. 1 partie outcast La seule occasion qui m'ait été donné de voir les
SKINKORPS en live fut lors de l’homérique concert Mareuil de Mareuil sur Arnon,
en 1989 un grand moment d’ United Skin à la française, avec bagarre entre skins,
fusillade avec les gitans qui squattaient là, tout le monde au poste, et donc
un concert écourté mais pas mal autant que je m’en souvienne, avec l’acoustique
pourrie d’une salle des fêtes de village, et me semble t’il le matos emprunté
aux hardos locaux ! mareuil Enfin on notera au chapitre entrisme, la reconversion
d’un des titres des Korps « épave humaine » par les punks rouennais de Sid et
les Vicieux. Groupe qui eut l’honneur d’un passage TV lorsqu’un des keupons du
groupe vint parler look chez Evelyne Thomas, quand le service public pouvait encore
offrir des émissions de qualité comme « C’est mon choix » grâce à l’argent de
la publicité. L’autre reprise a écouter absolument après l’hilarant sketch de
Dieudonné « c’est qui le parrain ? » c’est la version de "vive la bière"
par l’anarchiste iconoclaste Tristan Edern Vaquette qui devient sous la forme
de "vive la bière , la baston et vive le pen" une machine à broyer les
pseudos rebelles moralisateurs . La discographie des Skinkorps est probablement
la plus riche de la période , mais je ne saurais que trop recommander l’écoute
des titres de ce top 5 comme toujours aussi subjectif que personnel. 1) L’épave
humaine 2) Le mercenaire 3) Faut assurer ! 4) Paris est en guerre 5) Il faudra
bien vous y faire Pour finir je tiens à remercier Jean Claude, le frangin de Fred
et Phil ,croisé par un de ces heureux hasards de la vie, pour ces photos et son
aide. |